Le patrimoine aiguezois : Castelviel

Le rocher de Castelviel

 

Le site de Castelviel fut occupé très tôt par l’homme, dès la fin du néolithique celui-ci fut aménagé en éperon barré. De cette première occupation subsistent les vestiges d’un mur d’enceinte aujourd’hui effondré sur la pente sud du site. Une seconde occupation eut lieu à l’époque gallo-romaine. Il en subsiste un imposant mur maçonné et de nombreux fragments de tuiles et de poteries. Voici le compte rendu qu’en fit Paul Raymond au 19ème siècle:

1839 – La plus ancienne représentation du rocher de Castelviel »

L’un des vestiges les plus interessants du passé, Château-Vieux a donné son nom à une immense pyramide rocheuse qui domine de 300m la rivière de l’Ardèche. Elle se trouve sur le causse d’Aiguèze, à environ trois kilomètre de ce village, et sa situation était si favorable qu’elle ne pouvait être négligée par les nombreuses populations qui vivaient aux alentours du causse. Défendue naturellement au nord, à l’est et à l’ouest par les rochers abrupts qui surplombent la rivière, cette pyramide n’était accessible que du côté sud où elle se continue en pente douce avec le causse. En ce point, des murailles de pierres sèches protégaient l’oppidum. Au milieu de l’enceinte, un petit plateau défendu par un chaos de blocs naturels pouvait constituer un dernier refuge de 1600 mètres carrés environ. C’est du moins, dans un rayon de 40 mètres que s’étend vers le sud une muraille demi-circulaire haute de deux mètres et épaisse de un mètre environ. Elle est construite en blocs néocomiens du plateau, aussi régulièrement étagés que possible et cimentés. Il s’agit donc ici d’une muraille qui ne date que de la période romaine de l’occupation de l’oppidum. Les vestiges de cette époque sont d’ailleurs fort nombreux: tuiles à rebords, constructions encore revêtues de ces tuiles, briques à ligne concentrique, céramique bleutée, etc. De l’époque néolothique datent les pièces suivantes que j’ai receuillies sur l’oppidum ou sur les talus d’éboulis qui dévalent vers l’Ardèche: fragments de poterie néolithique classique ornée de torsades ou de dépressions et en général très soignée, grattoirs en silex allongés et d’un bon travail, nombreux éclats de silex. La poterie est celle que nous avons trouvée dans les grottes néolithique sousjacentes, ouvertes dans les paroits même de la pyramide de Château-Vieux. Ajoutons une quantité considérable de cailloux roulés en granit, ramassés dans la rivière. Ils sont à peu près tous de la même dimension qui est celle d’une petite mandarine, arrondis bien en main. Ils ont été utilisés comme armes de jet. Nous avons signalé ces mêmes cailloux roulés sur l’oppidum de Laudun, et nous rappelons qu’il ne s’agit pas là de faits isolés. M.Lombard-Dumas a trouvé sur le plateau molassique de la station de Fontbouisse (près Sommières, gard) ces mêmes cailloux roulés, et il fait remarquer avec raison qu’ils étaient choisis parmi les mieux faits et les mieux proportionnés pour servir d’armes de jet. M.Flouest les a signalés aussi à l’oppidum de Nages (Gard). J’ai cherché vainement les fonds de cabanes, les traces de huttes de l’époque néolithique, mais les fouilles ont été rendues difficiles par l’épaisseur du taillis, et je ne serais pas surpris qu’on les y trouvât un jour. Château-Vieux a servi, en résumé, de retranchement, de place forte à l’époque de la pierre polie. Une tribu avait su comprendre l’importance de cette position qui dominait la rivière et était rendue par elle enexpugnable. Il est vraisemblable que c’est de cet oppidum, de ce cairn, que tire son nom le village voisin du Garn. Rappelons que cette dénomination de cairn paraît elle-même dérivée du celtique Ker, le lieu où le guerrier est enterré, la tombe entourée de pierres. D’où Kern ou Cairn le tumulus circulaire qui nous amène aux nombreux dolmens de la région. Bien des siècles après les Néolithique, de nouveaux venus, poussés par les mêmes besoins, les mêmes avantages et ils s’y sont établis. Les Gallo-Romains enfin y ont longtemps séjourné, nous l’avons vu, et c’est peut-être à eux qu’il faut attribuer de curieux vestiges de substruction que l’on voit dans le lit même de l’Ardèche, aux pieds de la pyramide rocheuse. Ce sont des trous carrés qui ont servis à l’édification d’une pile de passerelle ou mieux à une estacade qui commandait le passage de la rivière.

Cent vingt ans après cette description que reste-t-il du site? De nombreux chercheurs de trésors se sont succédés emportant avec eux leurs maigres butins. Dernièrement des personnes “autorisées” sont venus faire des prélèvements de fragments de poteries sans la moindre autorisation du propriétaire du site (la commune d’Aiguèze). On assiste impuissant à une lente et irrémédiable détérioration du site et il semblerait que rien n’empêchera sa prochaine disparition… Je me souviens qu’il y a seulement une trentaine d’années de nombreuses tuiles, presque entières, jonchées le sol. Elles ont depuis toutes disparues! Pour couronner le tout certains ont eu la très mauvaise idée de présenter Castelviel comme but de promenade dominicale. C’est ainsi que de nombreuses publications, en toute innocence, incitent à venir détériorer chaque week-end un peu plus nos précieux vestiges…

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